Karim El Katari se joint à MELS!

De 2010 à 2021, à Paris, Karim a collaboré à plus d’une centaine de courts et longs métrages, de séries télé, de documentaires, de pubs et de vidéoclips, et travaillé entre autres avec André Téchiné, Asghar Farhadi, Jean Becker, Raymond Depardon, Christian Duguay et François Dupeyron.
Nous l’avons rencontré à son arrivée à Montréal.
Pourquoi MELS et le Québec?
MELS jouit d’une excellente réputation dans l’industrie et ça fait plusieurs années que je rêve de venir travailler ici. J’ai des amis à Montréal, je connais le Québec et votre culture. Je suis d’ailleurs assez sensible à l’approche anglo-saxonne du cinéma, très différente de ce qui se fait en France en termes de méthodes de travail et d’imagerie. Pour moi, le Québec est le point de rencontre de ces deux cultures.
Enfin, votre qualité de vie, tant sur le plan personnel que professionnel, est pour moi un autre atout du Québec.
Comment définis-tu le rôle du coloriste?
Je mets toujours mon intégrité, mon talent et mon expertise au service de l’œuvre, du réalisateur et du directeur photo. J’écoute, je questionne, je propose, j’appuie, sans toutefois laisser de côté mon sens critique.
J’aime aussi être présent dès le départ, avant le début du tournage. Avec le réalisateur et le directeur photo, on cherche à définir l’identité de l’image, le look du film, et à trouver les moyens pour y arriver.
Quand le film arrive sur ma table une fois le tournage terminé, je peaufine, j’ajuste, je sublime.
Je suis un accompagnateur de tous les instants.
Tu as d’abord fait de l’étalonnage photochimique sur pellicule.
Est-ce que la maîtrise de cette technique t’est utile en numérique?
Tout à fait. Malheureusement, avec le numérique, il y a tellement d’outils, qu’il arrive qu’on se perde. Avec l’étalonnage traditionnel, j’ai appris à travailler de façon simple et méthodique. J’ai adapté cette façon de faire au numérique. Ça me permet de cibler rapidement les erreurs et de travailler plus aisément. Cette liberté laisse donc à mon œil tout le temps qu’il faut pour regarder, scruter, comprendre et sentir l’image.
Et ça me sert aussi pour des productions tournées sur film, mais finies numériquement, où je peux facilement sentir et mettre en valeur les caractéristiques de la pellicule.
Comment abordes-tu un nouveau projet?
J’ai toujours travaillé à l’instinct, c’est-à-dire à partir de ce que je ressens, de ce que l’image me donne. J’essaie de me mettre à la place du spectateur qui lui, ne va pas se demander si les blancs sont trop blancs, ou si les noirs sont trop noirs. Ce qui compte, c’est sa réaction émotionnelle, son instinct. Je suis donc le premier spectateur privilégié qui doit à la fois être critique, proposer une vision et se laisser porter.
Tu es aussi photographe. En quoi la photo t’aide-t-elle dans ton métier?
La photo est intimement reliée à mon métier de coloriste. C’est un outil d’expérimentation. J’essaie des trucs, je me challenge, ce qui nourrit et enrichit mon travail. Je suis d’ailleurs tout le temps en veille technologique. Je n’aurai jamais fini d’apprendre.